Le processus de création de Didier Biffano s’articule autour d’un jeu permanent de construction et de déconstruction. Il s’agit bien de peinture mais pas seulement. Plasticien autant que peintre, Didier Biffano travaille ses oeuvres au corps et la toile devient un champ d’expérimentation où la surface plane se transforme au fur et à mesure en une sorte de peinture-objet. Tantôt il colle un morceau de tissu ou de toile de jute hybridant les matières et les formes, tantôt il arrache un dessin sur papier qu’il a préalablement fixé sur l’oeuvre qui alors se métamorphose. A cet endroit précis reste une cicatrice. Ces empreintes de mémoire sont tout à la fois le témoin d’un temps passé et le souvenir du geste.
Sa curiosité prononcée et sa perpétuelle recherche de nouveauté le poussent à l’utilisation des matériaux complètement insolites. Dans son atelier vous pouvez rencontrer aussi bien des draps anciens, des panneaux de signalisation, des morceaux de plastique que du vernis bateau avec lesquels il ne cesse d’expérimenter.
Si il y a une constante dans son travail c’est la présence récurrente d’un lieu qui passionne l’artiste depuis longtemps : le Maroc. Il éprouve une fascination particulière pour cette lumière unique qui teinte là-bas les maisons d’ocre, de rouges flamboyants, d’or et de bleus plusieurs fois par jour. Jamais lassé du décor changeant du désert, Didier Biffano traduit ses visions en peinture.
Alexandra Chiari