Dès le premier regard, le spectateur se confronte, face aux œuvres de Nina Hanna Kornatz, à la puissance picturale et la densité chromatique qui émanent de ces tableaux.
Chacun d’eux est construit selon une superposition de plans dont la profondeur trouble la perception. Le fond est ainsi tantôt travaillé dans un concentré de couleurs, tantôt il se dévoile en semi-transparence grâce à un procédé de teinture à l’encre du support. Un entrelacement d’ornements et de motifs organiques traverse et chorégraphie l’espace de la toile. La juxtaposition de formes à la fois familières et indescriptibles, criardes ou assourdies, convoque la mémoire, croisements inattendus entre tapis persans, papiers découpés à la Matisse et radiographies. Leur contemplation s’accompagne d’une certaine désorientation provoquée par le dépassement de l’illusoire frontière entre abstraction et figuration.
Nina Hannah Kornatz nous rappelle que regarder demande de la patience afin qu’une nouvelle lecture s’ouvre et nous révèle les subtilités de ses compositions. Il faut au spectateur un temps d’accommodation pour que se découvrent au fur et à mesure les images immergées dans l’image et la coexistence des différents motifs, qui plongés dans une lumière intense se voient conférer une aura étrange et exotique.
Attention, une silhouette peut en cacher une autre !
Alexandra Chiari